Triathlon M définition courte : 1,5 km de natation ; 40 km de vélo ; 12 km de course à pied.
C'est un peu comme un conte de Noêl, mais au printemps, il fait beau à Woippy en ce dimanche de mai et trois gaillards qui se connaissent pour travailler ensemble à l'Ecole Supérieure d'Art de Lorraine, savent qu'ils ont en commun une même passion pour les sports d'endurances. Cette journée va les réunir.
Qing Xia dit Yoyo, étudiant en 5e année, va passer son diplôme de fin d'étude dans quelques semaines, ancien champion de natation dans une province de son pays d'origine, la Chine, et futur triathlète, qui voudrait dans quelques années faire son premier Ironman.
Patrick Ricordeau, responsable du parc de matériel de l'ESAL, avec a son actif quelques marathons depuis plusieurs années, et qui vient il y a trois semaines de boucler celui de Saumur en 3h34.
Et moi, cycliste du dimanche au sein du VS2M, qui après une année 2016 assez riche en cyclosportives, a décidé de se mettre en veille cette année 2017, en s'offrant quelques rares sorties compétitives telles que le Tri de Woippy, à 2 kilomètres de son domicile... et enseignant à l'ESAL.
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Yoyo juste avant le départ |
C'est une histoire de puces aussi... puces d'eau qui pullulent dans l'étang de Woippy à cause des canards. Ces petits parasites se glissent sous la combinaison et démangent le nageur. Cette fois-ci une douche installée en sortie d'eau permet d'amoindrir le mal.
Et la grosse puce électronique, elle bien visible, sera elle aussi source de tracasseries : il faut la mettre au bon endroit, à la cheville, et pas ailleurs sous peine de ne pas être chronométré.
Yoyo se lance dans le grand bain. C'est sa première fois, la nage en eau libre. Il abhorre sa toute nouvelle combinaison avec un peu d'appréhension : pour un triathlon en relai on se sent responsable de l'équipe, faire au mieux pour ne pas la pénaliser. Ca donne de l'énergie mais ça met une pression supplémentaire sur les épaules.
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Le départ |
Le départ se fait. C'est assez impressionnant. Je n'avais jamais assisté à un départ de Triathlon.
J'attends la fin de la première boucle pour regarder "la sortie à l'australienne" où nos poissons sortent de l'eau pour galoper quelques pas sur le bord avant de retourner dans le bouillon. Yoyo passe en 42e position : excellente place, sur 164 participants !
Je ne reste pas longtemps à le regarder car je vais me préparer et m'échauffer. Je retourne à la zone de transition, c'est le lieu sacré où tous se passe, où le triathlète fait sa mue pour changer de discipline. La chenille se change en papillon... et le papillon en tortue ou en crabe !
Je monte sur le vélo et pars m'échauffer sur le début du parcours. Je roule dix minutes et revient sur mes pas. Surprise, je vois déjà les premiers champions déjà sorti de l'eau qui foncent. Il faut que je me dépêche de rentrer dans la zone de transition, sinon Yoyo ne va pas pouvoir me passer le relai.
Je finis mon échauffement à fond, zigzagant entre les barrières sous les yeux désapprobateurs des signaleurs et de la police municipale que je tiens à saluer pour leur grande disponibilité sur cette épreuve.
J'arrive à la zone de transition, la commissaire de course m'interpelle : qu'est ce que je fais là ! je lui explique en suffoquant que je reviens de l'échauffement, je suis en relai. Elle comprend la situation et me laisse passer. A peine arrivé à ma place, Yoyo arrive tout mouillé. C'était juste ! Vite je prend la puce et "comme un naze", je l'applique en brassard sur mon bras gauche. J'apprendrai par la suite que mon temps ne peu pas être prit par le tapis de chronométrage car la puce est trop haute, il faut qu'elle soit à la cheville, au plus proche du sol ! Mais ce n'est pas monté à mon cerveau !
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Dans la côte de Saulny, euphorique... photo François Adam |
Je commence mon parcours vélo à fond, une boucle de 12 km à faire trois fois. Vite trop vite je suis dans le rouge trop vite ! je suis grisé par les cyclistes éparpillés que je rattrape ou que je garde en point de mire. Je me suis tellement entrainé en solitaire sur ce parcours que le fait d'y voir pleins de cyclistes me donne des ailes.
La côte de Saulny, 2,2km à 7% est le gros morceau ! Comme mon GPS commence à déconner et ne veut plus m'afficher le segment en temps réel je n'ai plus mes repères habituels. Je sent que je monte trop vite la côte de Saulny. J'ai très mal aux jambes, mais comme des encouragements de copains du club, tels que Fabrice, François, Olivier et d'autres.. j'en oublie mes douleurs.
Je connais bien le parcours et heureusement car la descente sur Norroy est vertigineuse. Elle permet de bonne pointes de vitesse à 75 km/h mais un virage à angle droit dans le village oblige à freiner pour arriver tout juste à 30 km/h sous peine de se flanquer dans un mur.
"Heureusement que je connais bien la route" me répète-je pour mieux me concentrer.
Merci aux signaleurs qui ont fait un travail remarquable pour sécuriser tout le parcours.
Après le premier tour, je me sent mieux. Le second va passer plus vite car je ne vais plus quitter deux gars du même niveau que moi qui tantôt me précèdent et tantôt passent derrière moi sur les portions plate où je peu lâcher mes watts.
Troisième tour, les douleurs se réveillent dans les cuisses. Les quelques mots d'Eric, encore un copain du club qui vit à Saulny, me réveillent. C'est fou ce que le cerveau est monopolisé par la douleur physique. J'en ai encore la preuve. Il suffit de le distraire, un mot une pensée et ça repart, il oublie son rôle de signal d'alarme...
J'avoue que sur la fin de la côte je vais penser très fort à Patrick mon relayeur. Parvenir avant 16h, je n'ai plus que ce repère là, pour lui transmettre la puce dans un bon chrono.
Je finis en trombe les dernières portions de plat et là j'arrive en vue de la zone de transition. La commissaire (encore) me crie de descendre du vélo avant de franchir la ligne, et oui j'avais encore oublié.
Ensuite je cours en poussant le vélo et retrouve Patrick qui se saisit de la puce.
La commissaire m'annonce que j'ai mal positionné ma puce, que je ne serai pas chronométré.
Ca me fiche un gros coup au moral. Je dois tirer une gueule. Je crains d'avoir réduit à néant notre belle trinité.
Je prend le temps de saluer Daniel, le responsable logistique de l'ESAL qui est venu en famille nous soutenir et me dirige vers la buvette pour aller noyer mon chagrin dans une bière bien fraîche. Je salue encore quelques gars du club : Sebastien, Jean François et Thomas qui se remet tout doucement d'une forte luxation de la clavicule dû à une chute à vélo.
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Patrick, premier tour, euphorique... |
Je retrouve Yoyo qui est super content de son parcours de natation. On regarde Patrick passer pour son premier tour. Ensuite je retourne au vélo car je viens de penser que j'ai oublié d'arrêter et de ranger mon GPS. La commissaire m'interpelle et me dit de ne pas m'inquiéter pour le chrono car la puce est passée de toute façon aux bons endroits, avec Yoyo et Patrick, et que notre temps global sera prit.
Je soupire de soulagement et vais me recommander une bière. On attend Patrick. Il arrive enfin ! Assez marqué mais heureux d'en finir. Chrono de notre équipe : 2h55. Je prévoyais 3h, on est en dessous.
Nous nous asseyons pour nous raconter nos courses.
Quarante cinq minutes plus tard remise des prix. On finit 2e. On est super content. Bon il faut avouer qu'il n'y avait que quatre équipes de relai, mais cela suffit à notre bonheur ! Et pourquoi pas recommencer, ou bien faire une jour un triathlon S en individuels ? Mais c'est une autre histoire...
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L'équipe ESAL METZ enfin réunie |
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notre podium... |