Cette randonnée est la 33e du nom, La Guy Cividin, excellemment bien organisée par le Comité d'Entreprise de PSA Peugeot Citroën site de Borny et ses bénévoles. Guy Cividin, est le nom d'un cycliste décédé il y a quelques année, et dont l'organisation et assurée par son fils, Sébastien. J'insiste sur l'organisation car elle est assurées par des personnes passionnées, qui consacrent leur temps à préparer ce parcours, les ravitaillements, le repas de midi, les voitures ouvreuses, (au nombre de six, je crois) et une dizaine de motards, qui signalent tout au long les changements de directions et carrefours. Une route presque ouverte consacrée aux différents pelotons qui la jalonne. En effet, cette randonnée à cette particularité de regrouper les cyclistes suivant leur niveau de forme et leur capacité à rouler plus ou moins vite sur les 250 km proposés avec 2800 mètres de dénivelé.
à gauche, notre capitaine de route |
De toutes les manières cette années, les groupes on dépassés leur vitesse moyenne de 2 km/h, grâce aux conditions météo, et peut-être à une certaine homogénéité des participants. Chacun des groupes à un "Capitaine de route" qui régulent l'allure. Dans les faits, vu le nombre important cette année de cyclistes roulant dans le peloton de 25 km/h, il est divisé en deux groupes, pour éviter un grand nombre de cyclistes sur la chaussée pour des raisons de sécurité.
J'en fait partie, ainsi que les copains du VS2M, Philippe, Damien, Fred, tandis que les costauds, Pierre, Eric, Corentin et Jean François sont dans le groupe à 28 km/h.
Le petit plus sympathique, est que dans chaque voiture ouvreuse, on peut déposer un sac d'affaires pour se changer et du petit matériel de réparation, pas besoin de s'alourdir inutilement.
le tandem |
Un ravitaillement au 60ème km est proposé à Morhange, avant la pause de midi à Abreschviller, et un autre ravitaillement au 200 ème kilomètre, à l'étang de la Mutche, au retour vers Metz, nous installe définitivement dans un confort rarement atteint lorsqu'on est sur un vélo, il n'y à plus qu'à pédaler et s'imprégner du paysage qui se dessine sous nos yeux et nous rappelle que la moselle est belle !
On part donc à 7h sur un rythme d'endurance, nous permettant de discuter les uns avec les autres sans être essoufflés, chose rare et appréciable... Nous sommes une dizaine, accompagné d'un tandem piloté par une dame et un monsieur fort sympathiques. Notre "capitaine de route" avec qui j'échange quelque mots, me raconte son Bordeaux-Paris, une course d'ultra endurance de plus de 620 km à faire en une trentaine d'heure maximum, arrêts compris. Evidemment lorsque le vent souffle défavorablement sur la Beauce en plus de la fatigue du parcours se rajoute la difficulté redouté de tous les cyclistes. Il en garde un bon souvenir de dépassement de soi et de convivialité, malgré le dénuement de certains ravitaillements constitués de cacahuétes, maigre pitance pour des cyclistes au "long cours"...
Ce jour, il s'agit de rouler 250 km, mais les ravitaillements sont royaux, aussi bien en liquides qu'en solides, salés et sucrés ! Nous passons par Moussey, où se situe l'ancienne usine Bata, nommée Bataville, lieu unique en Lorraine, fondé par Tomas Bata en 1931.
On roule bon train vers le Donon qui se profile à l'horizon. Sur les premières pentes on s'arrête pour se changer car le soleil à définitivement perçé le voile nuageux et on approche de midi. On profite de nos sacs dans la fameuse voiture ouvreuse et on repart en allure libre jusqu'au sommet, soit 16 km de montée à 3% selon Strava. Cette ascension est une première pour moi, mais le destin va en décider autrement.
Dans le petit peloton qui monte à bon train à 30 km/h la pente relativement douce, j'ai un instant d'inattention qui fait que ma roue avant touche la roue arrière du cycliste devant moi, et là je perd le contrôle et chute lourdement sur le sol, sur le flanc et l'épaule gauche, j'entraine également une cycliste mais qui se relèvera aussitôt.
Les copains du club, Phil, Fred et Damien m'entourent, la voiture ouvreuse s'est arrêtée, je suis sonné, à-terre avec une douleur à l'épaule. Par chance, sur le fameux tandem qui nous accompagne, la dame est médecin. Elle récupère sa trousse de secours dans la voiture et me fait les premiers soins. Un pansement sur le genou gauche, qui bien rapé, et elle constate que la clavivule est légèrement déboitée mais ne semble pas cassée, c'est déjà ça. Elle pense à me faire poser une écharpe en bandoulière pour me maintenir le bras. En tout cas elle à les mots pour me rassurer et je l'en remercie ici chaleureusement.
Pendant ce temps le conducteur de la voiture ouvreuse Thierry, appelle les pompiers, la dame qui l'accompagne, Carine, me fait asseoir dans la voiture, et tout le monde à un mot gentil pour dédramatiser l'événement. Je suis un peu dans le coton à ce moment. Les copains du clubs et le tandem reprennent leur randonnée et j'attend dans la voiture l'arrivée des pompiers qui viennent de Sarrebourg, une demi-heure d'attente, ça va. Carine et Thierry me laisse leur numéro en m'assurant qu'il viendront me chercher aux urgences, une fois les premiers soins effectués.
Les pompiers arrivent, trois pompiers me font allonger sur la civière, dans la camionnette, me posent les questions d'usage sur les circonstances de l'accident, mon identité, me posent une poche réfrigérante sur l'épaule et me prenne la tension. Une demi-heure plus tard, je suis aux urgences de Sarrebourg dans une chaise roulante car même si je peux marcher, le règlement veux que je sois sur chaise et donc je me laisse pousser. Finalement dans mon malheur, ça roule bien pour moi !
Un quart d'heure après mon arrivée, je suis pris en charge par le médecin de garde, qui m'envoie à la radio. On constate une entorse "acromio-claviculaire". C'est un moindre mal, selon le médecin, pas nécessaire de procéder à une remise en place manuelle. Il me pose, à l'aide d'un infirmier, un large ruban de gaze qui m'entoure le torse et me maintient le bras, me donne un antalgique à la codéine. Après m'avoir posé les questions d'usages sur les circonstances de l'accident, l'air vaguement admiratif en lui précisant que je suis partis le matin de Metz à vélo et que je m'apprétais à faire 250 km dans la journée ; bon, je n'en ai fait que 110, mais je m'en souviendrai toute ma vie.
Ensuite, apprenant qu'on vient me chercher, il me laisse partir.
J'appelle Carine ou Thierry, je sais plus, et j'ai au téléphone Sebastien Cividin, l'organisateur, qui m'envoie une voiture. J'attend tranquillement devant l'hôpital et une demi-heure plus tard je suis dans un véhicule avec deux sympathiques bénévoles qui m'amènent au ravitaillement à l'étang de la Mutche où je pourrai me restaurer et assister à l'arrivée des pelotons.
Les copains que je n'avais pas encore vus, viennent à ma rencontre prendre de mes nouvelles, et d'autres aussi que je ne connais pas compatissent et me témoignent de leur soutient en me racontant leur fractures, et je constate que rares sont les cyclistes d'un âge mûr qui ne soient pas tombés ! Après s'être ravitaillés, les pelotons repartent, il leur reste 50 km à parcourir. Je vais les faire en leur compagnie dans une voiture ouvreuse, avec tant de regret de ne pas être à leur place, mais soulagé de ne pas avoir de clavicule cassée.
vue de la voiture |
Je repense à mon copain et président du VS2M, Jean-Denis qui s'est cassé la clavicule sur la Route Verte, et qui à dû souffrir bien plus que moi.
L'épilogue est simple : je reviendrai l'année prochaine sur La Guy Cividin, parce que c'est une belle randonnée, organisée de main de maître par une équipe de bénévoles sympathiques et professionnels, et que je la recommande à tous les cyclistes amoureux de long raids, car c'est une façon unique de découvrir le sud-est de la moselle, de la plaine vallonnée à la moyenne montagne.
Ce matin, je reviens de la clinique du sport , où le Dr. Gérard m'à confirmé que mon entorse était de type 1, sur une échelle de 3, et qu'après une semaine je pourrai reprendre le volant, et dans un mois, reprendre le guidon. De toute façon, il me met une semaine d'arrêt de travail que j'ai des scrupules à accepter...