J'ai rencontré Florent lors d'une sortie organisée entre forumeurs "Vélo 101 Lorraine", en mai de cette année. J'ai tout de suite remarqué son aptitude à "tirer des bouts-droits" c'est-à-dire rouler vite au tempo sur de longues ligne droites. Lors de cette sortie il nous avait largement emmené le train sur le plat et pourtant il ne bosse pas à la SNCF ! Garçon sympathique, discret, voire modeste au regard de sa pratique vélocipédique que nous allons détailler dans son entretien.
Je m'appelle Florent, 35 ans, employé en service clientèle dans le domaine des pièces détachées pour le machinisme agricole. J'ai deux vélos de route:
- un BH G6 coloris Sojasun de 2013, équipé en Campagnolo Athena, Roues Vision Trimax T42, c'est mon vélo principal avec lequel je fais 2/3 de mon kilométrage annuel
- un CAAD 8 de 2013 également, équipé en Shimano 2300... du 8 vitesses, un bon cadre sur lequel on peut monter des gardes-boues, des composants "low-cost", prêt à affronter la pluie, la boue, la neige, le sel, le froid, j'ai juste rajouté une paire de Campagnolo Khamsin à l'équipement d'origine.
J'ai également 1 VTT, un Rocky Mountain Vertex 50 de 2009, cadre alu semi-rigide, fourche Fox F32RL-100 mm, groupe Shimano SLX, roues Mavic Crossride, freins Formula. Je l'utilise très irrégulièrement, pour preuve je n'ai jamais rien changé dessus depuis l'achat !
Je possède aussi un Cardio-GPS Garmin Forerunner 305 qui me sert aussi bien en course à pied qu'à vélo. Très pratique pour se diriger sans s'embêter avec une carte en "terres inconnues" et pour des entraînements programmés avec alertes sonores : ça permet de se concentrer sur la route et sur l'effort sur des fractionnés de 30/30 par exemple. Le point faible : ont-ils fait exprès de faire une montre aussi moche ?
- Combien de km par an roules-tu ?
Pendant longtemps je n'ai pas dépassé les 3000 km par an, essentiellement pendant les beaux jours. Ces dix dernières années je dirais entre 5 et 9000 km par an, cette année 2014 sera l'une des mes deux plus grosses années vélo avec 2007.
- Utilises-tu des sites web communautaires dédiés aux cyclistes pour mettre en ligne tes parcours : Garmin Express, Strava, Endomondo…
J'utilise Garmin Connect depuis maintenant 3 ans et j'ai découvert Strava fin 2013. Le principe des segments est juste génial pour jauger sa progression et son état de forme du moment, varier les parcours, partager ses sorties, rencontrer d'autres pratiquants, bref une bonne idée!
- Souvenirs d'enfances lié au sport ou au vélo ?
J'ai passé mon enfance dans une petite cité ouvrière, trois rues parallèles en cul-de-sac avec au bout un terrain vague en descente, "le champs" comme on l'appelait alors, et des buttes de terre au bout de chaque rue...une belle piste de BMX d'autant qu'il n'y avait pas de circulation! Pendant les grandes vacances, pas un jour sans mercurochrome, un genou ou un coude râpé, les retours de manivelles dans les tibias. Quelle idée aussi de vouloir descendre les escaliers à vélo !?! Il m'en reste encore des marques, dont une bosse à la tête et dix-huit points de suture à la cuisse. Ca, et les matchs de foot en travers de la rue avec les portes de garages en guise de buts… qui avaient évidemment le don d'énerver les parents.
- As tu pratiqué un autre sport avant le vélo ? et pratiques-tu un sport en même temps que le vélo ?
Depuis qu'on m'a enlevé mes petites roulettes, j'ai toujours fait du vélo, BMX puis VTT, mais sans esprit de compétition : partir seul à la découverte de nouveaux sentiers avec la Forêt de Haye pour terrain de jeu, c'était avant tout un grand sentiment de liberté. Je me suis essayé au tennis, au judo, au basket, un an à chaque fois avant d'arrêter, les clubs, les horaires imposés et surtout les "coachs", c'est définitivement pas pour moi. J'ai continué à jouer au basket régulièrement jusque vers mes 25 ans mais pas en club, en mode libre sur les "playgrounds" de Nancy et périphérie. J'ai également pratiqué quelques années l'escalade que j'aimais énormément mais deux grosses chutes qui auraient pu se terminer très mal m'ont fait réfléchir.
Enfin je me suis "découvert" en course à pied au collège en cours d'EPS où j'arrivais à accrocher des vrais coureurs alors que je passais le plus clair de mon temps à... jouer à la Playstation. J'ai vraiment pris goût à la course à pied bien plus tard, à l'occasion d'un séjour "Erasmus" à Munich : privé de vélo, il fallait que je fasse quelque chose, c'est devenu mon deuxième sport que je pratique depuis dix ans maintenant, surtout l'hiver et ça a débouché sur un premier marathon à Metz en 2011. Reporté deux fois, faute de préparation suffisante les années précédentes, j'avais réussi à me concentrer sur cet objectif (deux mois sans vélo...) avec pour but de faire... au mieux! Je me savais capable de faire moins de 3h45, j'ai terminé en 3h29 et 36 secondes, le premier "semi" prudent en 1h50, le second en 1h39, en "negative split" (lorsqu’un coureur réalise une seconde partie de course plus rapide que la première) et sans temps mort, je crois pouvoir dire que j'étais fier de moi ce jour là. J'espère un jour pouvoir faire moins de 3h00.
- A quel rythme pratiques-tu le vélo ? (et l'autre sport)
Actuellement je pratique le vélo en moyenne trois fois par semaine, ça peut monter jusqu'à cinq entre avril et septembre et tomber à une fois par semaine l'hiver, ou je complète par deux entraînements de course à pied. Ma bonne résolution de 2014 était de faire du sport trois fois par semaine après un début d'année 2013 plombée par un hiver trop long et déprimant, elle devrait être tenue sauf hiver polaire et soudain. Je consacre toujours au moins une semaine de vacances par an au vélo, l'an dernier c'était en Espagne du côté de Benidorm en octobre, cette année ce fût en juin, dix jours sur les bords du Lac de Côme et quelques beaux Cols au programme.
- Fais-tu de la compétition et si oui, fais-tu partie d'un club ?
Je ne fais pas de compétition à proprement parler mais quelques cyclosportives par an, toujours les grands parcours, c'est ce que j'apprécie dans le vélo. Cette année j'ai fait la Bisou, le Liège-Bastogne-Liège Challenge, la Bourgogne Cyclo, la Vélomédiane et la Charly Gaul. Déçu par les clubs dans les autres sports je ne me suis du coup jamais lancé mais qui sait ? Je prends mon vélo et je vais rouler quand j'en ai envie (ou besoin), je roule volontiers en petit comité notamment avec les forumeurs du Lorraine 101 Club (après tant de messages échangés on s'est enfin rencontrés !), jamais en gros peloton hors épreuves signalisées, c'est trop dangereux. De manière générale je préfère rouler seul, de préférence dans un décor dépaysant et loin de chez moi, peut-être une certaine façon de partir à l'aventure.
- Un moment fort vécu lors d'une randonnées, une course, un raid...
Paradoxalement l'un de mes plus beaux moments à vélo c'était une sortie partagée avec mon père. Je le voyais assez rarement à cette époque et ce jour là on s'est fait un "raid" en Suisse : un ciel bleu magnifique, trois cols à plus de 2000 mètres, la neige et les marmottes au sommet du Nufenen, la montée pavée du St Gotthard complètement seuls, et la verte montée du Furka Pass à l'arrache pour terminer avant de redescendre sur Ulrichen en longeant le Rhône, pas très large à cet endroit, mais déjà bien agité avec la fonte des neiges. Un grand moment de vélo partagé par une magnifique journée de juin.
- Tes points faibles, ce que tu voudrais améliorer
Mon point faible avec l'âge c'est devenu le poids, cinq kilos en plus par rapport à il y a dix ans, cinq kilos qui ne partent pas, le travail de bureau n'aide probablement pas non plus. Je me console en me disant que ce que j'ai pris en poids, je l'ai également pris en force : venu du VTT avec une pratique non compétitive, j'ai mis beaucoup de temps au début avant de pouvoir emmener ne serait-ce que mon 53x21 de l'époque : je moulinais comme un damné dans les bosses pour avancer, ce n'est plus le cas maintenant et j'avance plus vite sur le plat.
- Tes points forts
J'arrive plutôt bien à élever mon niveau sur un objectif, ou quand il y a un enjeu et pas seulement en vélo, les fins de matchs indécises en basket c'était un régal... dans ces moments là : ne rien lâcher, s'accrocher coûte que coûte à la roue de devant, recoller au peloton en grignotant centimètre par centimètre.
- Une course, un défi, un parcours mythique que tu aimerais réaliser...
Le Tour des Flandres cyclo, parce que pour moi c'est LA classique, l'Eroïca (manifestation cyclotourisme avec des vélos vintages) et dans mes rêves les plus fou, la RAAM (Race Across America)
- En prenant de l'âge en quoi cela t'apporte-t-il de l'expérience dans ta pratique du vélo ?
Dans ma première moitié de "vie cycliste", je dépassais rarement 3000 km par an, je roulais pour le plaisir, pendant les grandes vacances surtout et je faisais mes plus belles sorties en septembre. Je roulais souvent trop vite trop longtemps et je finissais carbonisé. Ce n'est que par la suite que j'ai commencé à fractionner mon entraînement en testant différentes méthodes par intervalle piochées çà et là. A force, on retient ce qui nous sert à nous personnellement et ce qui sert... aux autres. Pour moi c'est trois séries de douze minutes de 1'/1' au seuil entrecoupées de six minutes de récupération active, deux jours d'affilée, une sortie en force à 65% de ma FC Max le troisième jour et une sortie longue le dimanche en s'employant dans les bosses. Dans l'idéal c'est le programme qui me réussirait le mieux. Je gère aussi beaucoup mieux l'alimentation à vélo, LA clé pour rouler vite longtemps sur des cyclos qui dépasse les 5h00. Je connais aussi parfaitement mes limites, fini les fringales et les fins de sortie à la ramasse où on n'a qu'une seule envie : rentrer parce qu'on a attendu dix minutes de trop pour boire, parce qu'on a sprinté dix fois en haut d'un petit talus pour ne pas ralentir. Bref, ça m'a définitivement appris à mieux me connaître physiquement.
- Comment aménages-tu tes temps d'entrainements avec ta vie professionnelle, familiale…?
Pour l'entraînement, j'ai la chance de finir en semaine à 16h00 deux semaines sur quatre donc ces semaines là je peux caser deux à trois entraînements après le boulot en heure d'été. Je sais que je cale à dix heures d'entraînement hebdomadaire, quelle que soit l'intensité, c'est le volume maximum que je peux encaisser en faisant attention à mon sommeil, chose que j'ai trop tendance à négliger.
L'hiver je fais avec la météo, souvent une sortie de deux heures en bosses et en force dans les côtes de Moselle le samedi et une sortie plus longue le dimanche avec départ en fin de matinée. Je prends aussi régulièrement un jour de congé en pleine semaine aux périodes où l'activité est plus calme, janvier, février, mars. Sinon, c'est course à pied.
C'est l'été que ça coince avec une activité professionnelle soutenue sur juillet / août, travail le weekend, semaines d'astreinte soutenues, d'où des objectifs plutôt avant et après cette période. Mais bon, on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre...
Très beau portrait. Je suis intéressé pour échanger avec Florent sur le LBL Challenge!
RépondreSupprimermerci pour ton retour, je transmet à Florent.
RépondreSupprimer