vendredi 14 août 2015

Mon, ton, son, Ventoux

Grimper le mont Ventoux à vélo c'est comme grimper le mont Saint Quentin (à Metz)... La différence est qu'il y a plus de monde au Ventoux...

J'exagère volontairement la comparaison pour mieux me pencher sur cet étrange rituel pratiqué en été par des cyclistes de tous poils, qui se tordent de douleur sur leurs machines, entourés de nuées de mouches, ce peloton de bêtes volantes, dans lesquels se glissent quelques guêpes avides de sucre.

L'homme à besoin de s'élever, prendre de la hauteur pour mieux contempler le monde qui l'entoure. Oui mais, l'homme est décidé à souffrir pour y parvenir. J'en fais partie. Je retourne sans cesse la question de savoir pourquoi je me lance ainsi des défis, qui mettent parfois à mal mon corps au risque de m'abîmer la santé ? Et pourquoi je ressent une satisfaction arrivé au sommet ? Je n'ai pas la réponse... Je continue à analyser.

En escaladant cette pente on est sur les traces d'illustres aînés, qui durant le Tour de France, la marquèrent d'exploits ou de défaillances. La comparaison est de mise. Nous nous identifions inconsciemment à des coureurs cyclistes professionnels... Ils ont réussi a passer par là, alors moi aussi. Mais pas à la même allure... On mesure la difficulté de ce sport en constatant par soi même, que notre vitesse ascensionnelle est divisées par deux, par rapport au pro.
Pour simplifier ils roulent à 20 km/h, moi par exemple, 10 km/h.
Nous sommes des amateurs, aimant notre sport, avec les qualités physiques qui sont les nôtres, l'entraînement régulier ne fera jamais de nous un professionnel, mais qu'importe, nous les devançons sûrement à la différence entre la souffrance et le plaisir que nous ressentons.

La société humaine est quasiment représentée sur le Ventoux, puisque j'y ai vu tout les âges, sexes, nationalités, origines sociales (interprétation personnelle au vu des gammes de vélos et de maillots observés). La majorité font ce qu'on nomme "la montée sêche" en partant de Bédouin. Ce sont les fanatiques qui veulent vaincre le Ventoux sans dépenser une once d'énergie avant la montée.
Il y à ceux qui partent de plus loin, qui veulent faire un itinéraire en boucle. Et il y à "Les Cinglés du Ventoux" qui doivent effectuer trois fois par les trois versants dans la même journée l'ascension. Un jour, peut-être, je m'y essayerai...
Un gars ordinaire à la pilosité importante

Le rapport à l'image est primordial au Ventoux. Proche du sommet, j'ai compté pas moins de trois photographes professionnels aux aguets pour immortaliser l'exploit. En regardant sur leurs sites web, je lis sur tous les visages, la souffrance ressentie, par ces cyclistes du dimanche. En effet, lors de la montée je ne les vois que de dos, ou quand je les dépasse, de profils. De face, je constate que certains sont au bord du malaise !
Je suis aussi sensibles aux images de moi sur un vélo que les autres, et j'ai constaté que lors de ma montée je n'ai été pris en photo que par un seul photographe. Je suis passé au travers des mailles du filet des deux autres... Dommage car j'aurais aimé avoir une vue plus représentative des circonstances.

J'ai découvert il y à quelques jours, le petit livre "L'ascension du Mont Ventoux" écrit par le poète italien Pétrarque en 1350. Il fit le parcours à pied en partant de Malaucène. Certains disent qu'il ne le fit pas dans la totalité. Mais qu'importe, dans son récit l'on découvre que souffrir à pied en empruntant les chemins de traverse pour amoindrir la difficulté de la pente, fait perdre du temps, mais permet d'élever son esprit. Le corps permet de se déplacer. Mais qu'en est il de l'esprit ? Parcourir en pensées le Ventoux ne serait-il pas une autre voix possible...
Edition l'Aucèu libre, en français et en provençal


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